Clos depuis près de cinq (05) ans, au nom de cette structure, plusieurs bons de commande administratifs continuent à être émis. Un système de distraction des fonds publics mis en place par une bande de bandits en col blanc.
Le 05 décembre 2016, Séraphin Magloire Fouda ministre, SG des services du Premier ministre, écrivait au Coordonnateur du projet Éducation II, sous couvert du ministre de l’Économie, de la Planification, et de l’Aménagement du Territoire. Il y indiquait que : « Le Premier ministre, (…) me charge de vous informer de la clôture effective du projet Education II. (…) il vous invite à transmettre au Minedub dans les meilleurs délais un rapport circonstancié sur l’utilisation des ressources à vous confiées pour l’exécution dudit projet ». Cette lettre devrait en principe sonner le glas de ce projet. Que non !
Des prestataires de cette structure accusent plusieurs mois de retard de paiement, et font face à la désinvolture et le peu d’attention que les responsables prêtent à leurs plaintes. Est-ce parce que le projet ne l’est que le nom aujourd’hui, et ne serait qu’un instrument de détournement de deniers publics, que les demandes d’audience des prestataires adressées directeur des ressources financières et du matériel du ministère de l’Éducation de Base restent sans suite ? Mystère.
« Les informations glanées auprès de certains responsables du Minedub nous ont laissé entendre qu’une importante mission de contrôle du Consupe a séjourné durant les trois mois de novembre et décembre et janvier au projet sducation II, cellule d’exécution des projets afin d’examiner sa gestion et éventuellement permettre que les prestations fournies par notre entreprise soient payées. Fatigués d’attendre sans bénéficier du règlement de nos prestations, nous avons à nouveau adressé une correspondance (…) à M. le ministre de l’Éducation de Base afin de lui demander la suite officielle réservée au courrier enregistré dans son cabinet (…)relatif au paiement de nos prestations », dixit un prestataire désabusé, sous le sceau d’anonymat.
Bonne foi
La même source affirme qu’un cadre, responsable du service de la coopération, lui aurait avoué que le dossier de projet Éducation II est une « patate chaude » dans la gorge de certaines personnes. Aussi, nul ne peut engager sa responsabilité dans la résolution des problèmes financiers et autres relevant de ce projet qui serait chapeauté par un magistrat. Ceci laisse penser que malgré toute la bonne foi, en dépit du respect et des précautions prises par une entreprise-prestataire dans l’observation de la régularité et de la norme en vigueur dans l’attribution et l’exécution des marchés dans cette structure fantôme, le prestataire risque de n’être jamais payé.
« La question que l’on peut se poser est de savoir comment et pourquoi quelqu’un qui a été démis de ses fonctions continue à occuper les locaux de services et à engager l’Etat appuyé en cela par les personnels en charge de valider les procédures en vigueur dans l’exécution des marchés publics. Il apparaît, en tout état de cause que les manquements et le laxisme de certains dans la très haute administration profitent à d’autres qui sont en train de profiter du flou juridique pour commettre des abus (sic)», s’indigne une source.
Voilà donc, dit une source, un autre boulevard de détournements ouvert où s’engouffrent de hauts responsables du pays et certaines entreprises. Un scandale financier de plus qui s’ajoute à la longue liste des affaires de détournement de fonds publics au Cameroun. « Il est regrettable que la criminalité financière atteigne une telle gravité dans les appareils de l’État, avec la protection des certains lobbies à connotation tribale ou sectatrice. Les conséquences de ces collusions interlopes sont très fâcheuses pour l’économie du pays. Malheureusement ces cas ne dessillent pas nos responsables judiciaires qui interviennent très souvent lorsque le pourrissement est dans un état avancé », peste un jeune étudiant.
Les principales composantes du projet
Pour rappel, instrument devant contribuer au renforcement de la participation des bénéficiaires, le projet Education II visait le renforcement de l’enseignement primaire dans le cadre de la nouvelle dynamique créée par la loi d’orientation du système éducatif. À cet effet, il était prévu de construire des écoles dans les communautés voulant participer à la mise en place des infrastructures et à leur maintenance. Il devrait aussi renforcer les structures d’encadrement pédagogiques en leur donnant les moyens de réaliser leurs missions d’inspection académique, de formation continue des enseignants et la microplanification.
Les principales composantes du projet étaient : le renforcement institutionnel ; la réduction des inégalités et accroissement de la qualité de l’enseignement primaire et la gestion du projet. L’objectif sectoriel était de contribuer à répondre aux dégradations qualitatives et quantitatives de l’enseignement primaire. Ces nobles objectifs sont dilués par des distractions de fonds.
Alice Suzanne Penda
Source Le Zénith N° 346 du 1er Mars 2021