Le magistrat municipal a augmenté les loyers. Les négociants refusent de payer. La résistance crée la brouille entre les deux parties.
Venu du secteur privé, Jacquis Gabriel Kemleu Tchabgou est maire de la ville de Dschang depuis la dernière élection municipale. En entrepreneur avisé, il entend appliquer à sa commune, des méthodes managériales d’une entreprise privée. Au rang de celles-ci, le renflouement des caisses et la pratique du juste prix. Telles sont les explications fournies à notre rédaction par un cadre de la municipalité qui a requis l’anonymat. C’est dans cette optique, assure-t-il, que le maire, après en avoir référé au Conseil municipal, a décidé d’augmenter le montant du loyer.
Les marchés sont en effet d’importantes niches de revenus pour la commune. Mais les taxes sont détournées par diverses fraudes, avec la complicité intéressée de certains responsables municipaux. Jaquis Kemleu a décidé d’y mettre un terme. D’abord il somme les boutiquiers du Marché Tsinfem de payer leurs arriérés de loyers impayés, lesquels s’étalent sur plusieurs années. « Cet, acte novateur avait été salué par les populations, lesquelles y voyaient, les valeurs de rigueur prêchées par le président Paul Biya », révèle notre source.
Les mauvaises pratiques
Dans la même lancée, la décision de revaloriser les loyers des comptoirs et boutiques, a été prise au Marché « A », le taux passant désormais de 3 500 à 10 000 FCFA. Prenant aussitôt la mouche, les commerçants de cet espace marchand communal ont décidé d’engager le bras de fer. Oubliant que la faute commune ne fait pas le droit, et que les mauvaises habitudes passées ne sauraient leur conférer des prérogatives extra judiciaires, ils ont organisé la résistance. Pour eux, le statut quo ante doit prévaloir, et les mauvaises pratiques continuer.
Jaquis Kemleu veut aussi assainir le cadre dans les marchés, et l’a initié au Marché « B ». L’initiative, on s’en doute, ne plut pas à tout le monde, certains s’étant déjà habitués à la saleté et au désordre. Le porte-parole des commerçants rebelles du Marché « A » dit « déplorer surtout le manque de concertation et dénonce les décisions unilatérales du maire. Nous pouvons souffrir une augmentation acceptable». Beaucoup de négociants, admet-il mezza voce sont en sous-location. Cette pratique est pourtant interdite.
Etienne F. Tchinda, envoyé spécial à Dschang