Émigré au Canada, ce camerounais est physicien médical clinique en cancérologie et enseignant agréé de mathématiques et physique en Ontario. Amoureux des procédures d’immigration, il a fondé et dirige l’entreprise de Sakoni Immigration consulting Inc. Marié et père de 5 enfants, il se prononce sur divers sujets, notamment ceux portant sur l’immigration.

Votre entreprise s’appelle SAKONI et opère dans le domaine de l’immigration. A quoi renvoie le mot SAKONI ?

Sakoni est le prénom de notre fille, qui est un modèle d’abnégation et de résilience. Dans toutes les langues Bantou, le mot Sakoni (Sa-Nkoni), en dehors des différences d’intonation, de tonalité et d’accent, veut dire étymologiquement L’Étoile d’Amour. Par conséquent, au moment de choisir le nom de l’entreprise, de façon unanime, la famille a décidé de baptiser la compagnie du nom de Sakoni Immigration. Au-delà de la signification de ce prénom, nous désirons à Sakoni Immigration que Cette Étoile d’Amour brille sur le projet d’immigration de tous nos clients.

Boris Christian Njeukam, PDG de Sakoni Immigration Inc

Depuis combien de temps exercez-vous ?

Je suis au Canada depuis plus de 10 ans. Et, avant même d’arriver ici, j’aidais les amis à monter leur propre dossier. J’ai découvert mon amour pour les procédures. Et depuis mon arrivée au Canada, j’ai aidé beaucoup de personnes, de façon bénévole. C’est suite à cela que je me suis lancé officiellement, poussé par ceux que j’avais aidé. Ils estimaient en effet que je comprenais les procédures plus que certains bureaux d’immigration où ils y allaient souvent. En 2019, je me décide, dans mon hibernation hospitalière avec Sakoni et toute la famille, de me lancer dans l’aventure. 

Que découvrez-vous alors sur le terrain ?

C’est le début des obstacles qui me permettent de comprendre pourquoi certains préfèrent opérer sans avoir les autorisations et l’obtention de la légitimité venue des différents niveaux de gouvernement au Canada : l’obtention du diplôme de consultant accrédité et la réussite de l’Examen d’Accès à la Pratique (EAP), un équivalent de l’examen du barreau chez les avocats. Il fallait travailler d’arrache-pied pour apprendre les cours de droit administratif et les différentes composantes de la formation de consultant en immigration Canadienne. Ce que, Dieu merci, j’ai fait et cela m’a permis depuis bientôt un an d’être officiellement installé comme Consultant Règlementé en Immigration (CRIC).

Pourquoi avez-vous choisi le domaine de l’immigration, et particulièrement au Canada ?

C’est dans la pratique que l’on découvre des passions en faisant certaines choses. Alors, j’ai découvert une passion et une facilité à comprendre les objectifs de chaque élément de l’immigration et, du coup, chemin faisant, en aidant les proches, j’ai découvert que c’est un domaine dans lequel je pouvais me déployer et m’épanouir. En me lançant dans l’immigration canadienne, mon premier objectif était de savoir comment contribuer à mettre des personnes désireuses de venir dans ce pays sur la droite ligne des procédures ; et leur faire comprendre que l’immigration canadienne est un système extrêmement dynamique. Il faut être à jour des nouvelles lois et des nouvelles réglementations lorsqu’on veut parfaire sa procédure.

Avez-vous rencontré des difficultés pour lancer vos activités ?

Certainement. Je suis un physicien pur et dur. Il a fallu que j’entre dans l’univers des procédures juridiques, que j’apprenne le droit administratif, les interdictions de territoire, le statut de réfugié, la convention de Genève et des traités internationaux en matière de droit international humain… Ce n’était pas mon domaine de formation initiale. Le regard de Sakoni me permettait de savoir que je n’avais pas le droit de me laisser décourager par quoique ce soit. 

Quels services offrez-vous concrètement ?

À Sakoni Immigration, nous nous occupons actuellement des visas temporaires qui englobent les visiteurs, les touristes, les permis d’étude et des permis de travail. Nous prenons aussi en charge des visas permanents, c’est-à-dire toute la gamme de l’Entrée Express avec les différents volets : les travailleurs qualifiés, l’expérience Canadienne et les programmes de désignation des provinces et territoires. Nous nous occupons aussi des parrainages et de la citoyenneté Canadienne. Il y a de multiples programmes pour ceux qui sont à l’extérieur du Canada et même ceux qui se trouvent déjà sur le territoire canadien.

Que deviennent les personnes que vous accompagnez à entrer au Canada ?

Les personnes qui réussissent à parfaire leur procédure d’immigration et se retrouvent au Canada, réalisent qu’on est dans un pays qui a mis dans les dernières années des mesures d’accompagnement phénoménales pour intégrer les nouveaux arrivants. Ainsi, dans toutes les provinces et dans toutes les grandes villes, on trouve des services d’accompagnement des nouveaux arrivants. Il faut aussi compter sur l’engouement communautaire que nous avons dans ce pays. Nous avons des réunions villageoises, des associations des différents pays qui ont mis en place des processus d’accompagnement des nouveaux arrivants quand ils viennent soit de leur région natale ou de leur pays de citoyenneté d’origine. 

Un exemple pour illustrer ?

Je vais prendre l’exemple des Camerounais où il y a dans presque toutes les grandes villes de Canada des réunions des ressortissants de tel ou tel département avant d’avoir la grande famille camerounaise. Cette dynamique accompagne les nouveaux arrivants non seulement à s’insérer sur le plan social dans la société canadienne, mais aussi de se frayer un chemin sur le plan professionnel. On découvre aussi une diaspora qui devient de plus en plus entreprenante. Les gens se lancent dans des investissements, dans l’entreprenariat. Ils découvrent qu’ils pouvaient être des fabricants de richesses et non des employés à vie. On trouve au milieu des immigrés, une dynamique incroyable en terme non seulement de création d’emploi, mais aussi d’auto-emploi. C’est cette nouvelle diaspora qu’on a aujourd’hui au Canada, qui ose et qui est portée à la création de la richesse.

Que peut être leur apport au développement du Cameroun ?

L’apport des immigrés camerounais au Cameroun peut être multi sectoriel. Si vous allez seulement dans le domaine de l’éducation, comme enseignant agréé, je peux contribuer à la réécriture des programmes scolaires au Cameroun. Ces programmes ne sont pas vraiment adaptés à la réalité de développement actuel et futur. Au Cameroun, les jeunes se forment pour avoir les diplômes, et non pour avoir le plaisir d’acquérir un savoir-faire et la compétence. Par exemple, quand en consultation initiale, je leur demande « Qu’est-ce que tu sais faire dans la vie ? », ils répondent : « J’ai un Master 1 ou un Master 2 ou pire encore je suis en doctorat depuis 6 ans. ». On peut participer à la réécriture des programmes afin que les jeunes apprennent à réfléchir efficacement et de façon opérationnelle à résoudre des problèmes locaux. 

Comment concrètement ?

Par exemple, dans une région qui a des problèmes d’eau potable, les jeunes seront formés sur place pour trouver une solution à l’eau potable. Ensuite, ils ne demanderont plus que le financement pour la réalisation. En le faisant, ils développeront une expertise locale qu’ils pourront ensuite exporter. Prenez l’exemple de la Chine. Là-bas, on développe d’abord des expertises locales avant de les exporter. Cette efficacité de l’apprentissage, la diaspora camerounaise au Canada, non pas seulement ici, peut contribuer à bâtir. 

Ça peut se déployer dans le domaine de l’élevage et de la construction. Comme je vous l’ai dit, c’est multisectoriel. La jeunesse du Cameroun a besoin d’un accompagnement dans tous les domaines. Cette diaspora ne prétend pas venir donner des leçons à nos frères et sœurs. Nous apprendrons aussi d’eux car ils maitrisent la dynamique mentale locale qui parfois nous est devenue étrangère. En effet, au Canada, nous sommes des immigrés et dans nos pays nous sommes des étrangers. Le souhait est de contribuer au développement. Pour ce faire, nous devons travailler en synergie pour accompagner le pays dans le chemin de son essor. La diaspora Camerounaise au Canada peut y contribuer énormément, et ceci dans tous les domaines.

Comment s’opère la transition mentale du jeune immigré ?

Un jeune qui, au Cameroun était en chômage et qui, grâce à un programme d’immigration se retrouve au Canada, trois ans plus tard devient chef d’entreprise créée par lui-même. C’est le même jeune qu’on avait au Cameroun. Il lui manquait une seule chose : la dynamique sociétale, l’encouragement, l’accompagnement qu’on trouve ici. Nous pouvons contribuer à construire cela dans nos pays. Nous pouvons compter sur les immigrés qui sont ici, aux USA, en Australie, en Chine, qui sont désireux de voir leur pays d’origine se développer.

Certains camerounais affirment que la possession de la double nationalité est incontournable pour contribuer à l’essor de notre pays. Quel est votre avis ?

La question ne se pose même plus. Vous pouvez imaginer les obstacles qu’un immigré peut avoir pour obtenir un visa pour se rendre au Cameroun s’ils ont acquis une citoyenneté étrangère ? Parfois, vous voulez aller investir au pays, construire une salle de classe dans votre village, contribuer à l’amélioration des infrastructures sanitaires dans votre village afin que nos parents, qui se sont saignés pour vous se soignent décemment. Mais l’obstacle d’un visa devient une barrière. D’un service consulaire à l’autre, on découvre l’opacité des procédures, des montants à pays et des délais d’attentes d’un autre âge. L’obstacle du Visa est majeur dans le découragement de la diaspora. 

Je vais paraphraser deux personnalités du pays. Le premier c’est le Roi Jean-Rameau Sokoudjou. Dans une émission fortement écoutée, il a présenté les immigrés comme des chasseurs qui quittaient leur contrée pour des longues périodes mais revenaient au village avec le fruit de la chasse. Au professeur Jean Bahebek de renchérir, dans une autre émission télé par : cette diaspora qui n’a besoin que d’être rassurée.

Il est d’un autre âge de penser que la double citoyenneté, j’irai plus loin, la multi citoyenneté, peut représenter un obstacle pour le développement d’un pays. Non ! Regardons ceux qui bénéficient d’une diaspora formidable : La chine, le Japon, le Sénégal. Pensez à l’Italie qui était clochardisée en Europe mais qui, grâce à sa diaspora, a pu sortir des sentiers battus. Pourtant, ils arrivaient aux ports de New York et du Brésil dans des conditions pas loin de celle des esclaves.

De plus en plus de personnes voulant immigrer au Canada sont victimes d’arnaques. Quels conseils pouvez-vous leur prodiguer pour éviter cela ?

La question semble simple mais d’une complexité étrange ! Les candidats se font escroquer sans ambages. C’est symptomatique de l’éducation que vous avons reçue. Nous n’avons pas le souci de la procédure dans notre parcours académique ; par exemple, comment partir du point A au point Z en passant par tous les autres, d’un point de vue procédural. Cela n’existe pas dans notre cursus académique ; du moins celui par lequel je suis passé et j’ai dû apprendre dans le tas. Il arrive qu’un parent m’appelle et me dise « pouvez-vous aider mon fils ou ma fille à arriver au Canada avec 4 millions FCFA ? » Je leur demande juste de payer d’abord la consultation initiale. Durant cette consultation initiale avec leur fils ou fille, nous allons établir l’étendue du profil qui sied aux différents programmes d’immigration auxquels il ou elle peut être éligible. À partir de là, vous saurez quel est le coût approximatif pour parfaire le processus d’immigration. Les candidats ne sont tout simplement pas habitués à payer pour avoir l’information. Ils pensent que le consultant en immigration a le pouvoir de décider si oui ou non un visa sera accordé : eh bien non ! L’acteur principal dans le processus d’immigration c’est le candidat lui-même. Nous, les consultants, ne sommes que les guides ; nous connaissons les procédures et accompagnerons les candidats selon leur propre célérité. Il y en a qui mettent 3 mois pour fournir un document que vous avez demandé. Il est donc normal que la procédure de ce candidat dure plus longtemps. Non pas pour dédouaner les autres consultants, mais les personnes qui se font escroquer, on ne vient pas les chercher dans leur maison. Ils vont de leur propre chef donner cet argent sans se renseigner au préalable. 

Mon conseil est donc de bien se renseigner sur la personne du consultant qui va faire le travail. Il faut ensuite se renseigner sur le bureau d’immigration en se demandant par exemple quels sont ses antécédents. En somme, les candidats à l’immigration canadienne doivent apprendre à comprendre la procédure et le poids de chaque étape dans celle-ci. 

Chez Sakoni Immigration, nous désirons faire un travail sérieux et profond en optimisant les coûts et les délais dans l’accompagnement des candidats dans leur projet de vie. Oui ! c’est un projet de vie, compte tenu des moyens qu’on y met.

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