Le Fô des Mougoums est dans la tourmente, secoué par les autres Princes.onl’accuse de dévaloriser le village. Le trône vacille.
« Notre père, le très regretté Fotso Kankeu Jacques, n’avait pas poussé loin avec les études. C’était néanmoins un self made man qui, à la force du poignet, avait su s’élever. Et avec lui, son village. Son successeur bafoue ces acquis. Il a pourtant un Master dont il se prévaut à temps et à contre temps, pour se moquer de ses frères et sœurs. » Telle est la charge en règle qu’un prince Bamougoum, très remonté, porte contre le Fô. Comme preuve de l’engeance de son défunt père, il évoque la présidence du Conseil d’Administration (PCA) de la Centrale des Coopératives Agricoles de l’Ouest (UCCAO) qu’occupait SM Fotso Kankeu à sa mort.
« Hélas, dans son désir d’être partout à la fois, à tout prix et à tous les prix, son successeur accepte de jouer les figurants dans le même Conseil d’administration. Et de quelle façon ! » S’indigne le prince outré, qui assimile ces faits à de la « haute trahison » envers le peuple Bamougoum. Il convient, pour saisir l’énigme, de rappeler que SM Moumbé est depuis peu, le Vice PCA de l’UCCAO et à ce titre, seconde SM Nguefack Placide, chef supérieur Fossong-Wentcheng. Ce dernier est administrateur de la CAPLAME, l’une des Coopératives membres de l’UCCAO. Selon le prince rebelle, il y a violation du rang protocolaire.
Il explique : « Sans aucun mépris, je sais que Fossong-Wentcheng est une petite chefferie de 2ème degré située dans une zone très reculée de la Menoua, limitrophe avec le Sud-ouest. Tandis que Bamougoum est une chefferie de 1er degré située au cœur de la Mifi. Sur le plan symbolique, nous avons reculé. C’est une insulte, une honte pour notre peuple… » Pour lui, un chef de premier degré ne doit pas passer après un autre de second degré.
Règlement de comptes
Mais selon nos sources, le but visé par le Fô, était d’occuper un poste pour évincer son demi frère Serge Kengne Fotso, le porte parole du Collectif, de son poste de Directeur Administratif et financier (DAF) de l’UCCAO. Il y est parvenu, puisque le ce dernier vient de perdre son poste. Un autre acte de trahison. « Le rôle d’un roi est de protéger et promouvoir ses sujets, et non l’inverse. C’est un coup bas qui n’honore pas SM Moumbé. Loin de là ! C’est un bas règlement des compttes », a déclaré un Bamougoum en apprenant la nouvelle.
Autre symbole, traditionnel celui-là, poursuit notre source, la forêt sacrée de Bamougoum couvre une superficie de 13, 29 ha, contre 1 ha pour Fossong-Wentcheng. Cela, soutient-il, traduit le poids coutumier de chacune des deux chefferies. Outre la symbolique, il faut rappeler que SM Moumbé est fortement contesté au sein même de la famille royale. Au cours d’une conférence de presse tenue le 30 aout 2020 dans leur concession familiale à Bamougoum, le Collectif des enfants de SM Fotso Kankeu Jacques, l’accusaient de faux et usage de faux. Muni d’un faux procès verbal de conseil de famille, le Fô avait introduit une requête aux fins de l’obtention d’un jugement d’hérédité.
Un Fô dans la tourmente
On accuse le Fô d’avoir détourné le testament de leur père, avec le soutien d’un milliardaire du village. N’ayant donc aucun titre le désignant comme héritier indiscutable du trône, le Fô voulut obtenir ledit jugement par la fraude. Informés de la manœuvre dolosive, ses frères s’y étant opposés, et les Tribunaux l’avaient débouté, jusqu’à la Cour Suprême. Autre coup fourré reproché à sa majesté, son élection malhonnête comme Administrateur de la CAPLAMI, réussie avec le Carnet de planteur de son défunt père. Or, relèvent ses frères, Moumbé Mitterrand n’est pas l’héritier légal de Fotso Kankeu. Mieux, il n’a produit aucun grain de café. Ce qui est une violation des Statuts de cette coopérative. Des Princes avaient manifesté contre cette élection. En vain.
La plainte de leur Collectif pour l’annulation de ce vote reste pendante en justice. En attendant, ils ont obtenu le gel des avoirs bancaires et la nomination d’un Administrateur séquestre des biens personnels de leur père défunt. Des sources au sein de la communauté dénoncent le rôle néfaste dans la dérive du Fô, de certaines élites. En bonne place de ceux-ci, figure un milliardaire hiérarque du RDPC, présenté comme le financier des errements du Fô. Contactés, des proches de SM Moumbé ont balayé ces accusations d’un revers de langue. Ils disent que le roi se prononcera bientôt sur toutes ces questions.
Huguette Mafo