Les autorités se sont impliquées pour régler cette querelle bien échevelée. La première rencontre n’a rien donné. Mais les adversaires du Fô restent ouverts au dialogue. À certaines conditions toutefois…
« Comme nous vous l’avons amplement expliqué, notre seul et unique problème reste et demeure le partage du patrimoine de notre père, conformément aux dispositions légales. » Ainsi s’expriment les représentants des Ayant-droits et Veuves de feu SM Fotso Kankeu Jacques, dans une lettre au Gouverneur de l’Ouest. Datée du 10 Mai 2021, elle a pour objet de remercier les autorités pour leur implication dans la recherche d’une solution durable, de clarifier leur position, et de faire des propositions. La lettre fait suite à la « réunion de concertation » convoquée par Awa Fonka Augustine le 5 mai dernier.
Ce jour là, le Gouverneur a réuni les parties dans ses services pour une conciliation. Ceci suite à la saisine le 26 avril 2021 du président Biya par les adversaires du Fô Bamougoum, d’une « Requête aux fins d’intervention contre les actes d’abus de fonctions et de déni des droits des Ayant-droit et veuves de la chefferie… ». D’après nos informations, cette lettre a vraiment irrité au sommet de l’État. « Le Pouvoir est très attentif à la moindre situation qui survient dans cette Région sensible. Car la moindre étincelle peut, par une réaction en chaîne, dégénérer et embraser tout le pays. » Nous a confié notre source à la présidence.
Entourloupes et mesquineries
Aussi le président Paul Biya a-t-il instruit de « Régler cette affaire au plus vite pour préserver la paix dans cette importante chefferie. » A Étoudi l’attitude de l’élite qui a laissé pourrir la situation quand elle n’a pas contribué à l’entretenir, laisse perplexe. « C’est pourtant à un fils de ce village que le président a octroyé le quasi monopole de la vente du poisson dans ce pays ! Tout comme il a nommé un autre fils dans son gouvernement. Que des troubles susceptibles de renverser le régime viennent de Bamougoum, et que l’élite l’attise hypocritement, confine à l’ingratitude et s’apparente à la haute trahison envers le Chef de l’État.» Dénonce notre informateur. Il en tiendra compte le moment venu, ajoute-t-il…
Tel est donc le contexte dans lequel Awa Fonka Augustine a convoqué les parties ; en s’y prenant par deux fois, et sans préciser l’ordre du jour. Dans le premier message N° 242/L/F/SG/DPOA du 30 avril 2021, il invitait le Préfet du département de la Mifi, le Sous-préfet de Bafoussam 3ème, SM le chef supérieur Bamougoum, M. Kengne Fotso Serge et Mme veuve Djoukou Lucienne épouse Fotso Kankeu. Dans une seconde lettre portant les mêmes références, le gouverneur élargit le panel au Maire de la Ville de Bafoussam, Sénateur Ngouchinghé Sylvestre, les 9 notables de la chefferie Bamougoum et Mme Ngouanwou Fotso Solange.
Retournement de situation
« L’élargissement du panel aux élites et notables bamougoum est une manœuvre pour influencer les adversaires du Chef, doublée d’une tentative pour transformer les assises en une affaire de la chefferie. D’abord exclues, nos élites fidèles à eux-mêmes, ont probablement négocié leur présence à la réunion. Cela montre que le chef est piloté en réalité par ces gens-là ; qu’ils l’ont placé sur le trône pour gérer la chefferie en sous-main… » Déplore notre interlocuteur. Quoiqu’il en soit, les Ayant-droits n’ont rien cédé sur le fond. Par contre, ils ont tiré les effets de la réunion au gouvernorat.
En effet, pour ne plus se faire piéger, les adversaires du Fô tout en se disant ouverts la poursuite de la négociation, exigent des préalables. Au rang desquels figurent la libération des deux détenus, l’exclusion des étrangers à la famille royale des négociations, le respect des décisions de justice déjà rendues (toutes défavorables à Moumbé Mitterrand) etc. Ensuite, ils proposent la création d’un « Comité de Médiation et de Conciliation Composé de Délégués des parties antagonistes dont le nombre sera arrêté d’accord parties ».
Enfin, ils demandent « …l’application par SM Moumbé Fotso Mitterrand des dispositions pertinentes de l’arrêt N° 14/COUT/ADD rendu en date du 12 Mars 2020 et de l’ordonnance N°368 du 06/08/2020 de la Cour Suprême du Cameroun suivi de la liquidation de la succession de Feu Majesté Fotso Kankeu Jacques. » Tel est pris qui croyait prendre ! Très constants, les Ayants-droits et veuves de feu Fô Fotso Kankeu, en confondant leurs adversaires, en opposant l’intelligence à la violence, ont peu à peu retourné en leur faveur une situation à priori défavorable. Rappelons que commis par le Tribunal, un Expert évalue l’héritage querellé à plus de Francs CFA 5 000 000 000.